Stratégie

Une gouvernance unique en France

Entretien avec Pierre-Yves Revol, Président de la Fondation Pierre Fabre et de la holding du Groupe.

Quelle est à vos yeux la plus grande force du Groupe ?

Pierre-Yves Revol : Sa pluridisciplinarité, développée très tôt par notre fondateur. Quelques années après le lancement d’un veinotonique très innovant pour l’époque, il a proposé aux pharmaciens les premiers produits de dermo-cosmétique avec Klorane en 1964, puis Ducray en 1969. Le pari était audacieux, mais fondé sur une conviction solide : le pharmacien était le mieux placé pour conseiller des produits cosmétiques sûrs et efficaces. Lui-même pharmacien d’officine, il avait bien perçu que ses confrères étaient prêts à le suivre dans cette diversification dès lors que les produits proposés se différenciaient des cosmétiques vendus dans d’autres circuits. Six décennies plus tard, d’autres acteurs nous ont rejoints sur ce marché, mais nous restons les seuls à proposer une gamme aussi large, du médicament au produit cosmétique en passant par les produits de santé quotidienne. C‘est un atout considérable d’évoluer sur des marchés rythmés par des cycles d’exploitation très différents.

Quels liens entretiennent le Groupe et la Fondation Pierre Fabre ?

Pierre-Yves Revol : La Fondation détient le capital du Groupe et reste en conséquence garante de son indépendance. Son programme d’action est principalement financé par le Groupe. Ce dispositif très vertueux repose donc sur la capacité du Groupe à réaliser des résultats suffisants pour assumer tous ses investissements et, de surcroît, verser une part de ses bénéfices (de l’ordre de 10%) à la Fondation. Celle-ci se consacre uniquement à son objet d’utilité publique : l’accès aux soins ainsi qu’aux médicaments de qualité des pays les moins favorisés, en Afrique subsaharienne principalement. La Fondation n’intervient donc pas directement dans la gestion du Groupe, dont l’organe de contrôle est la holding Pierre Fabre Participations, et ses programmes d’actions sont décorrélés des activités du Groupe. C‘est toute la noblesse de la gouvernance souhaitée par Pierre Fabre.

2023 marque les dix ans de la disparition de Pierre Fabre. Que reste-t-il de son héritage ?

Pierre-Yves Revol : L’essentiel, à commencer par un portefeuille produits qu’il a largement constitué et qui est équilibré entre médical et dermo-cosmétique. Ensuite, la faculté à se projeter et à innover en s’inspirant des avancées de la science et des bienfaits de la nature. Elles sont toujours d’actualité aujourd’hui. Quelques exemples : Green Mission et le Green Impact Index, ou notre développement dans l’oncologie d’innovation en cherchant comme il le faisait à se démarquer de la concurrence et à investir des marchés de niche souvent délaissés par les gros opérateurs. Je peux aussi évoquer le renouvellement des équipes et la promotion interne, car Monsieur Pierre Fabre avait une grande propension à s’entourer de jeunes talents et à les promouvoir. En 2023, nombre de nos cadres dirigeants ont débuté leur carrière dans l’entreprise.